Mis en cause dans une sombre histoire de galoches à la cocaïne, l’éternel prodige du tennis français est innocenté et donc libre de rejouer au tennis. Pour autant, jouera-t-il enfin libéré ?
Gasquet appartient au cercle très fermé des Mozart de son sport, des prodiges dont le talent n’a d’égal que la précocité. En France, on n’en a pas connu beaucoup dans ce genre : Anelka et Henry en foot, plus récemment Manaudou en natation. Ils ont presque tous en commun un parcours tortueux qui montre combien il est difficile d’exploiter pleinement un extraordinaire potentiel. Si on entre dans la dimension supérieure – celle des légendes – et qu’on évoque Mike Tyson ou Maradonna, ou peut même parler de chemin de croix. Qui soulève un éternel débat : auraient ils fait encore mieux sans leurs frasques de camé ou est-ce au contraire cette folie, ce supplément d’âme qui en a fait les meilleurs de leurs sports ?
Dans le cas Gasquet, c’est la deuxième hypothèse qui nous intéresse. Jusqu’ici, Richard traînait une réputation d’enfant gâté, sorte de gendre idéal à l’image lisse et sans saveur. Il lui manquait le sens du combat des Tsonga et autres Monfils, la hargne et la haine de la défaite de Nadal, qu’il a pourtant fessé durant toute leur enfance commune sur les courts.
Incontestablement, il vient de remporter brillamment son plus dur combat – laver son honneur et sauver sa carrière – et de révéler une intelligence et une force de caractère hors du commun (il fallait l’entendre en interview…). Ce combat en appelle d’autres… et si Gasquet s’avère aussi féroce et revanchard sur le court que dans le box des accusés, certains hargneux vont devoir beaucoup courir…